« Personne ne sait combien de temps peut durer une seconde de souffrance. Elle peut durer un purgatoire ou toute l’éternité. »
Graham Greene

...Nous venons donc de voir, à travers notre étude, que l’aspirine est une molécule entraînant de nombreuses réactions dans l’organisme. Son action antalgique vient de la modalité même du déclenchement de la douleur. Cette sensation, perçue à la suite d’un stimulus nociceptif, est transmise par de nombreux neurones jusqu’au système nerveux central. A la base de ces neurones, différentes substances vont permettre une sensibilisation des voies nerveuses au stimulus. Parmi ces substances on trouve les prostaglandines, molécules formées par dégradation de l’acide arachidonique par l’enzyme cyclooxygénase.

...Bien qu’utilisée depuis l’antiquité sous ses formes naturelles, l’aspirine est longtemps restée une énigme pour les chercheurs. Son principe d’action n’a été découvert qu’en 1971 par le prix Nobel John Vane.

...Ses actions variées peuvent toutes s’expliquer grâce à la forme spatiale de la molécule. Celle-ci peut, en effet, se fixer sur l’enzyme cyclooxygénase empêchant alors la formation des prostaglandines dans le corps humain. Les conséquences sont multiples ; certaines sont bénéfiques, comme la diminution de la douleur, d’autres sont mauvaises, comme l’arrêt de production de mucus gastrique entraînant des lésions stomacales ou intestinales.

..Malgré tout il convient de garder une place importante à l’aspirine dans notre société. C’est un des médicaments les plus utilisés sur la planète. Sa composition chimique est améliorée de jour en jour, diminuant certains effets secondaires indésirables et facilitant son action sur certaines zones ciblées. Enfin, on peut commencer à trouver sur le marché deux médicaments de nouvelle génération possédant les effets antalgiques de l’aspirine, le celecoxib et le rofecoxib. Leur action se déroule uniquement sur les enzymes cyclooxygénases qui forment les prostaglandines de la douleur, et non celles qui vont former le mucus gastrique. D’autre part, un nouveau pan de recherche vient de s’ouvrir récemment grâce à la découverte en octobre 2003 d’un nouvelle forme de cyclooxygénase dans le cerveaux humain. De quoi prévoir encore de longues années à l’Aspirine…